
Un contexte favorable à l’essor de l’agritourisme en Martinique
L’agritourisme, ou tourisme à la ferme, s’impose aujourd’hui comme un levier de développement économique en Martinique. L’île cherche à diversifier ses sources de revenus tout en valorisant son patrimoine agricole, culturel et environnemental. Dans un contexte où les terres agricoles sont souvent délaissées au profit de l’urbanisation incontrôlée, l’agritourisme apparaît comme une alternative durable permettant de concilier activité agricole et activité touristique.
La Loi d’Orientation Agricole (LOA) du 9 juillet 1999 (n°99-574) reconnaît d’ailleurs officiellement l’activité agritouristique comme un prolongement naturel de l’activité agricole. Selon l’article L311-1 du Code rural et de la pêche maritime, les activités agritouristiques sont considérées comme des activités annexes à l’exploitation agricole lorsqu’elles utilisent des moyens de production de l’exploitation.
Concrètement, il s’agit de proposer sur une exploitation agricole en activité des hébergements, des repas, des visites pédagogiques ou des ateliers de transformation des produits, s’adressant à des visiteurs en quête d’authenticité et de retour à la nature.
Un engouement porté par les nouvelles tendances socio-économiques
L’évolution des comportements touristiques a contribué à la montée en puissance de l’agritourisme en Martinique. De plus en plus de voyageurs recherchent des expériences immersives, proches de la culture locale et de la nature. Cette tendance est accentuée par la volonté de nombreux touristes de consommer autrement, en privilégiant les circuits courts, le développement durable et l’éco-responsabilité.
La pandémie de COVID-19 a également marqué un tournant. En redéfinissant les priorités, elle a stimulé l’intérêt pour les destinations rurales et les offres alternatives au tourisme de masse. L’agritourisme s’est positionné comme un secteur résilient, moins dépendant des aléas sanitaires liés à la surpopulation des zones touristiques classiques et mieux adapté aux attentes d’un tourisme post-crise.
Des impacts mesurables sur le foncier rural et l’immobilier
L’essor de l’agritourisme en Martinique a un impact direct sur le marché de l’immobilier rural, notamment en matière de valorisation foncière. En effet, le développement de ces activités augmente l’attractivité des terres agricoles, qui retrouvent une utilité économique dans un cadre renouvelé. Cette tendance contribue à enrayer la déprise agricole et à donner une seconde vie à des sites parfois abandonnés ou sous-exploités.
On observe un regain d’intérêt pour l’acquisition de terrains en zone agricole à des fins touristiques, à condition, bien entendu, de respecter les réglementations en vigueur. Le Plan Local d’Urbanisme (PLU) de chaque commune reste la référence pour connaître l’usage autorisé des sols. Par ailleurs, selon l’article R151-25 du Code de l’urbanisme, les constructions destinées à l’accueil du public peuvent être autorisées en zone agricole sous condition d’une compatibilité avec l’activité agricole.
Les propriétaires fonciers, agriculteurs ou investisseurs, cherchent donc à rentabiliser leur patrimoine rural en se tournant vers des formules d’hébergements touristiques comme :
- les gîtes ruraux
- les chambres d’hôtes à la ferme
- les campings à la ferme
- les tables d’hôtes mettant en avant les produits du terroir martiniquais
Des dispositifs fiscaux adaptés à l’agritourisme
Le développement de l’agritourisme en Martinique peut être soutenu par plusieurs dispositifs fiscaux, particulièrement avantageux en zone ultra-marine. Parmi eux, on peut citer le régime de défiscalisation prévu par la Loi Girardin (articles 199 undecies A et B du Code général des impôts), applicable aux investissements productifs en outre-mer. Sous certaines conditions, des projets agritouristiques peuvent bénéficier de ce régime, notamment lorsqu’ils permettent la création ou la rénovation d’infrastructures agricoles ou touristiques.
Les exploitants agricoles peuvent également prétendre au statut de micro-BA (Bénéfices Agricoles), qui permet une simplification de la fiscalité pour les petites exploitations. Lorsque l’agritourisme constitue une activité accessoire à l’activité principale agricole, les revenus qui en découlent peuvent être imposés dans le même cadre fiscal.
Il convient toutefois de noter que toute activité touristique exercée à titre principal ou sans lien direct avec l’exploitation agricole relève du régime des BIC (Bénéfices Industriels et Commerciaux). Une analyse approfondie de la nature de l’activité et de son organisation juridique s’impose donc avant toute opération d’investissement.
Un levier de dynamisation territoriale
L’impact de l’agritourisme dépasse largement la seule sphère agricole ou immobilière. Il agit comme un véritable levier de dynamisation des territoires ruraux en Martinique, en stimulant l’économie locale et en favorisant le maintien ou la création d’emplois non délocalisables.
En encourageant les circuits courts et la consommation de produits locaux, l’agritourisme bénéficie également à d’autres acteurs du territoire : artisans, producteurs, guides touristiques, coopératives agricoles et structures associatives locales. Il participe ainsi à une meilleure répartition des flux économiques souvent concentrés dans les pôles urbains et balnéaires comme Fort-de-France ou les Trois-Îlets.
Les collectivités locales l’ont bien compris et multiplient les initiatives pour encadrer et soutenir ce mouvement. Le Programme de Développement Rural de la Martinique (PDRM) – dans le cadre de la Politique Agricole Commune – prévoit des aides à la diversification des activités agricoles, incluant des projets agrotouristiques structurants.
Perspectives et conseils pour les investisseurs
Pour les investisseurs immobiliers, l’agritourisme en Martinique présente donc des perspectives intéressantes, à condition de maîtriser les spécificités juridiques et foncières locales. La rentabilité des projets dépend tant de la qualité de l’implantation géographique (accessibilité, attractivité touristique, cadre naturel) que de la cohérence du projet avec le tissu socio-économique local.
Voici quelques conseils clés pour réussir un investissement immobilier rural dans l’agritourisme en Martinique :
- Analyser le potentiel agritouristique de la zone ciblée (paysages, proximité d’un site naturel ou historique, attractivité touristique)
- Étudier les documents d’urbanisme pour connaître les règles applicables à la construction ou à la transformation des bâtiments agricoles
- Intégrer les projets dans une démarche durable : utilisation de matériaux locaux, gestion de l’énergie, préservation de la biodiversité
- S’entourer de professionnels locaux compétents (agences immobilières rurales, notaires spécialisés, experts-comptables agricoles)
- Étudier les aides fiscales disponibles et les subventions locales éligibles
En s’inscrivant dans une logique de développement harmonieux entre agriculture, tourisme et habitat, l’investissement dans l’immobilier rural lié à l’agritourisme en Martinique représente une opportunité à la fois économique, patrimoniale et environnementale. Ce modèle hybride et résilient incarne aujourd’hui un vecteur d’avenir pour la revitalisation des campagnes martiniquaises et une réponse concrète aux nouveaux enjeux du tourisme durable et intégré.
